Le rappel est toujours amère pour mes amis « républicains » mais qu’on ne s’y trompe pas ; les 65 % des sénégalais dont les voix avaient été numériquement entendues à l’occasion de ces échéances électorales et la majorité silencieuse encore plus importante qui ne s’est pas exprimée dans les urnes, ont davantage manifesté un profond rejet d’un régime dont les pratiques en matière de corruption et de démocratie avaient fini d’offusquer la légendaire patience des sénégalais. Assumer que l’élection de Macky Sall dont le parcours politique ne lui assurait même pas une place dans le premier gouvernement de l’alternance en 2000, un est choix par défaut n’est donc ni politiquement partisan ni historiquement équivoque.
Pour autant, un large consensus avait été obtenu et tous les sénégalais patriotes espéraient ou tout au moins souhaitaient voir Macky Sall réussir à améliorer le quotidien des compatriotes durement éprouvé par des choix d’investissement hasardeux et une corruption gangreneuse durant plus d’une décennie.
Pour ce qui me concerne, après prés de deux ans d’exercice des tenants actuels du pouvoir et de nombreux exemples illustratifs de l’incompétence des autorités actuelles dont le plus revolant à mon niveau a été la gestion de l’affaire de la drogue dans la police, la messe est dite. Macky dou Deeem.
Les bonnes intentions ne suffisent pas pour gouverner un pays. En dehors d’un Yonnu Yokouté chimérique (sauf pour les privilégiés de la dynastie) et les intentions rhétoriques rappelés avec éloquence à chaque communiqué de conseil de Ministres par une horde de journalistes qui entoure le chef de clan, les sénégalais attendent encore que les nombreuses promesses du candidat Macky SALL prennent corps. Entre une mauvaise cuisinière et une empoisonneuse il n'y a qu'une différence d'intention dit-on. Ce Gouvernement est INCOMPETENT et mauvais cuisinier. Assurément, André Duval avait raison. Il faut se méfier de ceux qui ont trop de bonnes intentions : il leur arrive de changer étrangement d'idée. Il serait désormais sage de se rappeler de tels propos avant la lecture des communiqués du Conseil des Ministres et à chaque déclaration d’une autorité de l’exécutif.
Plus du quart de la population sénégalaise et 80% de l’activité économique ont été privés d’eau pendant presque deux semaines et le seul réconfort du Gouvernement a été de demander au citoyen de faire preuve de piété et de croyance dans l’épreuve. Après des nombreux errements et tergiversations, le Premier Ministre qui, semble t-il, s’est soudainement rendu compte de la gravité de la situation, a feinté une colère menaçante mais trop théâtrale et tardive pour rassurer les Sénégalais. Il est d’ailleurs légitime de penser que ce moins le quotidien déchirant et particulièrement pénible des sénégalais depuis 15 jours en particulier, que la menace rampante que pourraient constituer les manifestations, qui suscite cette mise en scène du Gouvernement et des instances de l’APR.
Depuis le depuis de cette pénurie, le Gouvernement n’a jamais tenu un discours de vérité sur le problème structurel du secteur de l’eau au Sénégal. Un rappel du schéma institutionnel en vigueur depuis la réforme de la loi de 1995 organisant le secteur public de l’hydraulique urbaine me semble opportun pour bien analyser le problème actuel et surtout apprécier les perspectives de solution à envisager. Les réformes de 95 et 96 ont divisé la Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) en deux entités publiques à savoir, d’une part, la Société Nationale des Eaux du Sénégal (SONES) chargée de gérer le patrimoine de l’hydraulique urbaine et de contrôler l’exploitation de l’eau au Sénégal et d’autre part, l’Office nationale de l’Assainissement du Sénégal (ONAS) pour le volet assainissement urbain.
A la suite de cette réforme, l’Etat à accordé une concession de 30 ans à la SONES qui, à son tour, a signé un Contrat d’affermage de 10 ans avec le groupe français Bouygues pour ainsi lui déléguer la gestion de l’approvisionnement en eau potable en milieu urbain. Ce qui est important de rappeler ici c’est que le Contrat de la SDE, signé en 1996 pour une durée de 10 ans, a déjà fait l’objet de deux avenants. A son terme en 2006, Il a été prolongé de 5 ans pour terminer en 2011. A l’époque le Gouvernement libéral avait engagé une réflexion pour une réforme du secteur. Ainsi, le Contrat d’affermage a été prolongé jusqu’au 31 décembre 2012. Après avoir sérieusement considéré d’accorder une concession de 30 ans à la firme française, il semblerait que le Gouvernement actuel ait finalement prolongé d’un an le Contrat avec la SDE qui donc à priori arrive à terme à la fin de l’année en cours.
Le point en rappelant ces éléments c’est de constater que le Gouvernement risque de manquer une belle occasion de se pencher sur la nécessité d’une réforme en profondeur du secteur et ce, d’autant que la seule explication du problème de la pénurie actuelle se trouve dans le fait que la redevance versée par la SDE à la SONES est très loin de couvrir les besoins en investissement dans le réseau hydraulique évalués entre 100 et 200 milliards tous les ans. En vérité, en enlevant le volet assainissement et gestion du patrimoine donc des investissements du cahier des charges de la SDE, le Gouvernement socialiste de l’époque a presque signé un contrat léonin et l’incompétence du régime actuel est de faire semblant d’ignorer cet état de fait.
A la fin du contrat de la SDE, théoriquement le 31 décembre 2013 (à moins que, secrètement, un autre contrat ait déjà été signé) il faut tout mettre à plat et, peut être, envisager un schéma institutionnel qui prenne en compte la problématique de l’assainissement, du renouvellement et de l’entretien du réseau hydraulique ainsi que l’approvisionnement en eau potable des zones rurales.
Mais avec un Gouvernement qui n’a pas le minimum d’intelligence pour savoir qu’il existe de nombreux mécanismes pour réaliser de grands projets d’infrastructure, en toute transparence et sans violation de la loi, au point de demander une dérogation de 1000 milliards d’investissement, il n’y a pas de raison d’être optimiste. Nos politiciens sont soit incompétents soit corrompus. Quelquefois, les deux en même temps, disait Woody Allen.
Je vous laisse la liberté de choisir ou classer Macky sall et son régime.
Un citoyens Sénégalais
Uncitoyensenegalais@gmail.com